Attention ! Votre navigateur (Internet Explorer) présente de sérieuses lacunes en terme de sécurité et de performances, dues à son obsolescence.
En conséquence, ce site n'est plus consultable sur Internet Explorer, nous vous invitons à utiliser un navigateur récent (Firefox, Chrome, Safari, Edge, ...)

Le Wu Xia Pian

Répondre
Meneur Chaotique Bon PR : 6555

Je viens d'écrire un historique sur un style de film HK, je le partage avec vous ^^

Laissez-moi vous parler d’un style cinématographique que j’apprécie tout particulièrement, le Wu Xia Pian (se prononce « wou chia piane »), plus communément appelé, film de cape et d’épées chinois.
Je ne vais pas entré trop dans la codification du genre mais plus faire un historique des films à voir mais si le sujet intéresse j’éditerai mon post déjà bien long.

De « Wu », qui signifie « Martial », « Xia », « Chevalerie » et « Pian », « Film », le Wu Xia Pian tire ses origines du cinéma chinois, plus particulièrement du cinéma de Shanghai des années 1920. Les films sont alors plutôt contemplatifs, avec des réflexions spirituelles sur notre place en société et sur un certain code de l’honneur du chevalier. Les films sont assez lents, peu extravagants et surtout très réalistes.
Comme toujours, si l’on peut difficilement trouver quel a été le film unique précurseur du genre, on peut quand même dire que « Burning of the Red Lotus Temple » (1928) a été le premier Wu Xia Pian reconnu à succès puisqu’il a donné suite à 17 autres films. La série interdite par le régime communiste au début des années 1930 le Wu Xia attendra 30 ans pour retrouver ses lettres de noblesses.



C’est donc dans les années 1960, principalement sous la tutelle de la Shaw Brothers que le genre revient sur le devant de l’écran. Pour la petite anecdote, la Shaw Brothers c’est LA maison de production des films Hong-Kongais des années 1960 à 1980. Leur sigle « SB » sous fond bleu est même visible tout au début « Kill Bill », Tarantino étant un fan inconditionnel du cinéma HK.
En réponse aux films de Chanbara (film de sabre japonais dont l’illustre film le plus connu est « Les Sept Samouraïs » (1954) d’Akira Kurosawa) et au fort succès accompagnant ce genre au Japon, les frères Shaw prennent le cinéma chinois en main pour nous faire des films comme « L’Hirondelle d’Or » (1966), pour le plus connu d’entre eux. L’héroïne, Cheng Pei-Pei, incarnera d’ailleurs le rôle de « Jade la Hyène » dans le « Tigre et Dragon » d’Ang-Lee, dont nous allons parler plus bas. A noter au passage que les films alors doublés en mandarin de Chine passeront en cantonais de Hong-Kong pour l’occasion.



Les années 60 c’est aussi l’avènement d’un genre, le film de Kung-Fu, porté de plus haut jusqu’en 1973 par Bruce Lee. Le Wu Xia prendra une tournure encore plus martial. Les arts martiaux deviendront alors un incontournable du Wu Xia rendant celui-ci encore plus impressionnant, encore plus violent, encore plus rapide. On assistera ainsi aussi à une scission entre deux genres alors assez proches, le Wu Xia et le film de Kung-Fu pur et dur. Le film qui créa l’évènement s’appelle alors « Duel To The Death » (1983) de Ching Siu-Tung suivi de près par l’un des derniers Shaw Brothers et pour moi de loin le meilleur de tous : « Lady Assassin » (1983). Vous assistez ici à deux films survitaminés, à l’ambiance martiale totale, et à une vitesse de narration époustouflante pour l’époque. Aujourd’hui encore, je dois admettre que ces films peuvent être vu sans ennuyer les plus réfractaires d’entre nous aux films anciens (dont je fais parti). Ces deux films marquent par là même, la fin d’une époque.



La même année (1983) que ces deux excellentes productions, sort un film qui berça toute mon enfance mais surtout qui réinventa tout un genre : « Zu, Les Guerriers de la Montagne Magique ». Surfant entre Superman et Bruce Lee, mélangeant magie, personnages qui volent, et autres éléments fantastiques cachés sous pleins d’effets spéciaux à mourir de rire aujourd’hui, Tsui Hark, le réalisateur, réinvente un genre. Ce réalisateur connu aux Etats-Unis pour le mauvais « Double Team » a été le réalisateur number one de Hong-Kong pendant toutes les années 1980/1990. Il produisit notamment deux trilogies très connues dans le genre et à la qualité indéniable : « Histoire de Fantômes Chinois » (dont le premier est sorti en 1987) et « Swordsman » (premier : 1990). « Swordsman 2 » est à ce jour mon Wu Xia préféré (désolé pour l’aparté). Ces deux trilogies restent dans un ton assez fantastique. « Histoire de Fantômes Chinois » relate une histoire d’amour entre un jeune érudit et une femme morte, il est fantastique dans son scénario principalement et ses envolées techniques. La trilogie des « Swordsman » a cette touche irréelle dans ses combats et autres idées farfelues. Les hommes sautent de brindilles en brindilles, utilisent des bateaux entiers pour se battre et plein d’autres artifices complètements loufoques. C’est du gros Wu Xia plein d’humour (parfois malgré lui) et surtout plein d’idées niveau chorégraphie.
Les années 1990, c’est aussi le fourre-tout Wu Xia avec pleins de genres qui se greffent les uns sur les autres. On retiendra des Wu Xia comédie comme « The Royale Tramp » (1992), avec le génial Stephen Show (« Shaolin Soccer ») ou encore le dément « Eagle Shooting Heroes » (1993), regroupant de façon complètement débile toutes les stars HK de l’époque pour un cocktail explosif vraiment hilarant. Mais aussi le Wu Xia jeux vidéo avec des films comme « Stormriders » (1998) ou encore « A Man Called Hero » (1999) où s’entrechoquent images virtuelles et cadres traditionnels. C’est du Wu Xia Blockbuster, fait pour en mettre plein la gueule. Mais le véritable chef-d’œuvre de Tsui Hark sera « The Blade », un Wu Xia réaliste, symbolique, poignant et pourtant boudé par le grand public. Aujourd’hui, ce film fait partie des plus reconnus du cinéma HK (14ème place dans les 100 meilleurs films asiatiques du monde d’après www.cinemasie.com).



Bien que très présents en Chine, les Wu Xia n’ont aucune renommée internationale, et le cinéma asiatique est boudé depuis Bruce Lee par les occidentaux. C’est alors qu’Ang Lee créa l’évènement avec « Tigre et Dragon » (1999). Reprenant les éléments des vieux vieux Wu Xia avec des chorégraphies actuelles et une façon de filmer occidentale, « Tigre et Dragon » a su plaire et déplaire au grand public. Très souvent le film est adulé par les non initiés et boudés par les autres. Je ne ferai pas exception à la règle, j’ai trouvé ce film plus que moyen. Je le trouve pas super bien réalisé, trop occidentalisé et au final pas assez contemplatif ni réfléchi. C’est un film fait pour plaire et ça a marché. Le résultat de « Tigre et Dragon » s’est vu au niveau interplanétaire avec l’asiatisation de tous les genres. Même les coréens se mettent aux Wu Xia  avec de très bons films comme « Shadowless Sword » (2005) et « Bichunmoo » (2000) qui tapent directement dans le tape à l’œil grandiloquent.
Ne vous étonnez pas non plus de voir des éléments Wu Xia dans un clip de Lorie (véridique) comme dans un « Hannibal » (véridique aussi). Pour moi c’est juste la preuve d’un manque de jugeotte et d’imagination du cinéma américain, d’un cinéma sans passé culturel. J’en veux pour preuve que les films réalisés par des chinois HK aux états unis sont des grosses merdes par rapport aux films faits par les mêmes réalisateurs à Hong-Kong. John Woo, entre son « Mission Impossible 2 » aux USA et « The Killer », son chef d’œuvre HK, en est une des preuves les plus flagrantes. A noter que « The Killer » (1989 – produit par Tsui Hark) est pour de nombreuses personnes, un Wu Xia déguisé en film contemporain, tant de nombreux codes du Wu Xia traditionnel sont respectés.



Aujourd’hui le Wu Xia Pian est un style que les gens connaissent. Ca a commencé par « Tigre et Dragon » mais le flambeau a été repris avec brio par Zhang Yimou et ses très connus « Hero » (2002) avec Jet Lee, mais aussi « Le Secret des Poignards Volants » (2004) et plus récemment « La Cité Interdite » (2006). C’est du cinéma particulièrement esthétique avec une chorégraphie magnifique, des filtres vidéo à tomber par terre, des histoires belles et tragiques, bref du grand cinéma pour toute la famille. Si le dernier m’a laissé assez froid, je dois admettre que « Hero » et « Le Secret des Poignards Volants » sont des putains de films. J’attends aujourd’hui le prochain Zhang Yimou, « Amazing Tales: Three Guns » qui semblent donner dans le Wu Xia comédie et qui semble également assez foireux. Trailer ici. On a même eu le droit au cinéma en France à « Wu-Ji, la Légende des Cavaliers du Vents » (2005) une triproduction chinoise, coréenne et américaine plus en décalage avec ce qui se fait actuellement. « Warlords » (2007 – avec Jet Lee) vient de sortir en France en DVD et c’est une grosse bombe à la profondeur scénaristique indiscutable, très violent, plus réaliste et beaucoup plus historique. Basé sur l’histoire des 108 étoiles, une légende connue en Chine et dans le milieu des jeux vidéos notamment grâce au jeu « Suikoden ».

Si l’on peut regretter que le Wu Xia ’90 ne soit plus, les grands maîtres reviennent à la charge pour notre plus grand bonheur. John Woo signe « Les Trois Royaumes » (2008/2009) qui est sorti début 2009 au cinéma en France dans une version ultra tronquée (un film de 2h30 contre deux films de 2h00 cherchez l’erreur). Basé sur une légende populaire de Chine que l’on connaît surtout en jeux vidéo sous le nom de « Dynasty Warriors », ces deux films qui ne font qu’un sont une ode à la tactique militaire et aux valeurs militaires propres aux Wu Xia.
Tsui Hark présente son « The Seven Swords » (2005) et « La Légende de Zu » (2001) et signe deux films très différents puisqu’un est historique et l’autre fantastique mais tous les deux mortels. Yuen Woo-Ping, connu internationalement pour être le chorégraphe de « Matrix » vient de réaliser le très attendu « True Legend » (2010).

« 14 Blades » est le prochain Wu Xia à voir en 2010 et il est signé Daniel Lee (il a également réalisé « Black Mask » (1996), film qui a inventé le Bullet Time bien avant Matrix avec aussi Yuen Woo Ping en chorégraphe).

Aujourd’hui, je remarque que le Wu Xia est réservé au très grand cinéma. Ce n’est plus une affaire familiale, c’est des films à très gros budgets, qui cartonnent au box-office, très souvent historique avec une codification militaire forte, une chorégraphie très travaillée et un scénario toujours tragique. Je suis un fan de Wu Xia ’90 car je les trouve plus léger, plus fun et à la fois plus symboliques mais je ne déteste en rien l’évolution du genre (pour le moment), car la qualité reste encore au rendez-vous, même si je commence à être déçu de plus en plus.

Les films cités sont ceux que je vous conseillerais de voir. Mais il en existe bien d’autres bien sympas. J’ai vu tous les films que j’ai cités mais je n’ai pas cité tous les films que j’ai vus, sauf évidemment les 18 des années 20 ^^


Sources : Cinasie.com pour les dates, le reste je l’ai dans la tête ^^

Modifié par prout le 03/10/2011 à 21:33

Répondre

"Creativity comes out when something is limited" - Hironobu Sakaguchi

Webmaster Chaotique Bon PR : Infini

Très très bon sujet ! Je ne suis pas du tout cinéphile mais tu m'as donné envie de découvrir un peu plus ce genre.

Par contre, certaines images ne passent pas !

Répondre

People don't stop playing because they get old, they get old because they stop playing

Meneur Chaotique Bon PR : 6555

bah je l'ai viré ! :P

Répondre

"Creativity comes out when something is limited" - Hironobu Sakaguchi

Répondre à la discussion

Informations ! Vous êtes en mode visiteur ! Si vous le souhaitez, vous pouvez vous connecter afin d'intervenir avec votre personnage.